Monsieur le Maire,
Madame la représentante du Ministre,
Madame Bortolotto,
Mesdames et Messieurs, 
Discours festif. Discours historique. Discours politique.
Discours festif car nous fêtons aujourd’hui, jour pour jour, le troisième anniversaire de 
veneziaviva.be, première et unique association belge "pour Venise".
Association jusqu’à présent uniquement et entièrement soutenue par des fonds privés.
Association créée le jour de la fête de la Salute par les trois colonnes du Temple que sont 
notre Présidente Carine CLAEYS qui travaille pour Javier SOLANA et est spécialiste en hébreu 
biblique et en avestique, notre Vice-Présidente Monique DECOSTER qui allie la connaissance des 
Flandres à celle de Venise et, très immodestement, votre serviteur.
D’éminentes personnalités ont, dès sa création, accepté de parrainer l’association.
Je n’en veux citer ici que deux : le sémiologue Umberto ECO et l’ancien Vice-Président de la 
Commission européenne et Ministre d’Etat Etienne DAVIGNON.
Trois ans déjà, disais-je, et plus de 120 membres.
Deux projets à l’étude :
- un avec la Banque Nationale de Belgique pour le soutien d’une thèse d’histoire économique et 
monétaire établissant un parallèle entre le sequin et l’euro
 - un avec le Ministero per i Beni e le Attivita Culturali pour la restauration des 
"Visioni dell’aldilà" de Jérôme BOSCH pour le futur musée GRIMANI.
 
Un autre projet déjà en cours de réalisation, à savoir l’écriture et l’édition d’un livre retraçant 
l'ancrage des Belges dans la Sérénissime.
Et deux projets déjà réalisés : celui que nous avons fêté en mars 2005 à la Bibliothèque Marciana, 
la restauration du bréviaire GRIMANI ;
et celui que nous avons inauguré hier à San GIORGIO MAGGIORE et qui fut explicité par notre 
Présidente en présence d’une équipe du journal télévisé de la télévision belge. Vous trouverez, 
Mesdames et Messieurs les journalistes, le discours en italien de notre Présidente, là-bas, sur les 
tables.
Discours festif donc car troisième anniversaire.
Mais aussi discours historique car quatre centième anniversaire, quadricentenaire non d’une naissance 
mais d’un combat. Combat dans lequel Venise se trouva une fois de plus à l’avant-garde de l’Europe et 
du monde.
En effet, pour moi, 2006 n’est pas l’année MOZART, même si j’adore le divin compositeur, ni l’année 
REMBRANDT, même si j’admire ses jeux d’ombre et de lumière.
Non, pour moi, 2006 est définitivement l’année SARPI.
Paolo SARPI, moine servite vénitien mais aussi, et aussi, brillant théologien et philosophe tout 
comme vous, Monsieur le Maire.
Paolo SARPI, excellent anatomiste, découvreur de la circulation du sang, ainsi que grand spécialiste 
en mathématiques et en instrumentation, ce qui lui valut d’être appelé "mio padre e maestro Sarpi" 
par Galileo GALILEI qui, ici, à Venise, fit faire à la science d’extraordinaires avancées.
Année SARPI donc car c’est fin janvier 1606, il y a 400 ans, que Paolo SARPI fut désigné par le Sénat 
vénitien pour apporter la contradiction au pape Paul V et pour mener un combat qui caractérise 
tellement bien la Sérénissime, le combat de la distinction de la sphère du temporel de celle du 
spirituel. Et si Paolo SARPI n’est certes pas l’inventeur du concept de séparation des Eglises et 
de l’Etat, il est assurément le précurseur d’une certaine forme de laïcité, même si le mot n’avait 
pas encore été inventé.
C’est en cela qu’il est aujourd’hui, comme MOZART et REMBRANDT, totalement moderne.
Et c’est à cet homme, ses idées et son combat que je veux rendre hommage cette année. A cette leçon 
de philosophie et de politique plus actuelle que jamais si l’on en juge par l’homélie prononcée par 
le Patriarche et Archevêque de Venise Angelo SCOLA lors de la fête du Rédempteur !
Ce qui m’amène, vous l’aurez compris, à la troisième et dernière partie de ce discours, la partie 
plus politique.
Politique au sens "vie de la cité" car, permettez-moi Monsieur le Maire, je crois qu’une association 
"pour Venise" ne peut se cantonner à un rôle de bailleur de fonds pour restaurateurs d’œuvres d’art, 
si important soit-il.
Elle doit, à mon sens, s’inscrire pleinement dans la vie de la cité et être, à cet effet, une force 
de proposition.
Proposition donc, comme celle que nous vous faisons aujourd’hui, de consacrer un espace à tous ceux 
et toutes celles qui font que Venise est devenue une ville différente.
A tous ceux et toutes celles qui ont mieux compris Venise et ses enchevêtrements labyrinthiques dont, 
comme dans tout labyrinthe, on ne sort que par le haut.
Bref, à tous ceux et à toutes celles qui font que Venise est à la fois au monde et hors du monde, 
qu’elle est "mundus alter" et à la fois ville-corps, ville-âme et ville-esprit.
Proposition donc de leur consacrer un espace dédié, car ils sont aujourd’hui les "parents pauvres", 
les "délaissés" de cette ville.
Je fais bien évidement référence aux philologues, poètes, écrivains, journalistes, historiens, 
kabbalistes, ésotéristes, imprimeurs et autres éditeurs, bref à tous ces éminents personnages qui 
gravitent autour du monde de la recherche et du livre … et qui n’ont pas eu la chance d’être peintre !
Car, oui, Venise est aujourd’hui bien "muséifiée", à chaque coin de rue (je devrais dire de canal) 
on côtoie dans leurs églises, leurs palais et leurs musées les TITIEN, TINTORET, TIEPOLO et autres 
PINAULT ou GUGGENHEIM. Merci pour eux et à eux. Par contre, quelle place tient aujourd’hui à Venise 
Pietro BEMBO, véritable père de la langue italienne parlée ? Où est honoré Aldo MANUZIO, l’imprimeur 
éditeur ami d’ERASME ? Et Léon de MODENE qui n’exerça pas moins de vingt-six activités différentes ? 
Et Hugo PRATT, qui s’écrit ici avec deux "T" ?
Tous ceux et toutes celles, disais-je, car les femmes sont les "grandes oubliées" de la Venise 
d’aujourd’hui.
Où rend-on hommage à la lettrée juive Sarah COPPIO, à la Directrice du "Giornale Enciclopedico" 
Elisabetta CAMINER et à celle qu’elle appelait "le plus grand honneur des rives de l’Adriatique", 
Caterina TRON ?
Où sont-ils, où sont-elles ? Quelle place Venise a-t-elle aujourd’hui réservée à ces tenants d’une 
"Venetia sub rosa" ?
Certes, on trouve ici ou là un Casino di Spiriti devenu institution charitable, ou encore un 
médaillon sur la façade de la Loggia della Pescaria qui fait croire aux touristes qu’il s’agit là 
d’un portrait de marin pêcheur et qui ne célèbre en rien Pietro ARETINO, l’inventeur du journalisme 
moderne !
Certes il y a les statues de SARPI, de GOLDONI et du Cagalibri.
Mais les mondes de la recherche et du livre n’ont pas besoin d’être "statufiés". Pas besoin de 
statues ni de campi !
Ce qu’il leur faut, c’est un pont !
Car ils sont "pont", pont "entre les hommes" et pont "entre les hommes et ce qui les transcende".
Et c’est pour cela qu’ils sont Venise, ville dans le monde et hors du monde.
Alors, Monsieur le Maire, pourquoi ne pas leur faire cet honneur, en rebaptisant un pont du nom du 
plus grand d’entre eux et du plus grand Vénitien de tous les temps, je veux bien sûr parler de 
Giacomo CASANOVA ?
CASANOVA l’Admirable, l’Aventurier des Lumières, le découvreur d’Europe, le génial écrivain et le 
brillant ésotériste, dont le nom est synonyme de Venise.
Pourquoi ne pas dédier un pont à cet homme qui fut pont lui-même, passerelle entre les pays, les 
cultures, les classes sociales et même, tel un médiateur mythologique, entre les sexes, entre la vie 
et la mort, entre la fiction et la réalité ?
Et pourquoi ce pont ne serait-il pas cet ancien pont della Carità aujourd’hui pont de l’Accademia 
dont le nom n’a rien de symbolique et indique simplement, j’allais dire bêtement, un lieu 
géographique ?
Et pourquoi, après la Biennale de 1985, ne pas relancer un grand concours international pour enfin 
reconstruire ce pont de l’Accademia, pont provisoire à la structure vieillissante qui a fait son 
temps ?
A la place, je verrais bien ce pont CASANOVA, un "Ponte sub rosis", roses de la voûte étoilée 
vénitienne pour célébrer une Venise "sub rosa".
Un pont CASANOVA et non pas une "douane de mer", ce lieu étant, d’après nos informations, déjà fort 
demandé J.
Un pont CASANOVA qui s’inscrirait enfin dans l’ésotérisme de la ville et dont l’architecture 
symbolique ferait dignement miroir aux volutes de la Salute !
Merci Monsieur le Maire de prendre en compte cette proposition et d’enfin, enfin, dédier par 
l’intermédiaire de CASANOVA, un pont, qu’il soit ou non celui de l’Accademia, à tous ceux et à 
toutes celles qui ont fait de Venise une ville différente, une ville religieuse dans les deux sens 
du terme : "religare" c’est-à-dire reliant les hommes entre eux et "relegere" c’est-à-dire incitant 
les hommes à relire en eux-mêmes.
Merci Monsieur le Maire de qui ARISTOTE a dit que c’était à vous, aux philosophes, qu’il incombait 
de diriger, à vous, comme l’écrivit le Ministre Jean-Jacques AILLAGON à propos de Paris, à vous 
qu’il incombe d’imposer "une dictature du goût et de l’ambition".
Merci aussi, pour conclure ce discours, à mes sponsors Kris BLIJWEERT, Maurice de MONTJOYE et 
Nicolò DE CESCO ; merci à mon collègue et ami (toscan, personne n’est parfait) Giulio BARBOLANI 
di MONTAUTO qui a essayé de rendre mon italien compréhensible et merci, last but not least, à 
Claudia ZANCHI et à votre collaborateur Luciano LAYET qui ont remarquablement organisé cette 
conférence de presse et dont à la fois le charme et l’efficacité sont pour nous tous une évidence.
Monsieur le Maire, permettez-moi de vous offrir en remerciement de votre présence, à vous et à la 
représentante de Monsieur le Ministre, au nom du Musée de l’Europe, cette contribution à l’idée 
européenne et donc vénitienne, dédicacée par mes amis et collègues dans cette belle aventure 
Antoinette SPAAK, Elie BARNAVI et Krzysztof POMIAN.