La "Départ des Ambassadeurs anglais" du peintre Xavier Mellery
Copie, par Xavier Mellery (1845-1921), du Départ des Ambassadeurs anglais, scène du cycle de
sainte Ursule de Vittore Carpaccio (ca. 1460-ca. 1526).
Huile sur toile, 280 x 350 cm, 1872 Collection Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, mise en dépôt à l'Academia Belgica
Cette copie fut réalisée, d'avril à novembre 1872, par Xavier Mellery, d'après et aux dimensions
de l'original conservé à la Galerie de l'Académie à Venise. Ce travail faisait partie des
obligations que le peintre devait remplir en tant que lauréat du Prix de Rome belge, récompense
prestigieuse qu'il avait obtenue en 1870. Lors de leur séjour à l'étranger, principalement en Italie,
les Prix de Rome devaient se former au contact des œuvres des grands maîtres du passé en les étudiant
et en les copiant. Le tableau fut acquis par l'État belge en 1873 et intégré aux collections des
Musées royaux, où l'on ambitionnait à l'époque de créer un musée des copies. Notice rédigée par l'Academia Belgica
Xavier Mellery, peintre, sculpteur, dessinateur et illustrateur belge né à Laeken en 1845
et mort dans la meme ville en 1921, fut un précurseur du symbolisme et le maître de Fernand
Khnopff. Son oeuvre possède un aspect naturaliste, qui s’exprime notamment dans les
paysages de l’île de Marken peints en 1878-79 sur l’invitation de Charles De Coster, mais
il est surtout connu pour les scènes intimistes (dont la série de dessins L’Ame des choses
dans les années 1890) et pour les grandes scènes allégoriques sur fond or, destinées à la
décoration d’édifices publics. Il illustra La Belgique de Camille Lemonnier (1885) et
exécuta des dessins préparatoires pour les statuettes des métiers au Petit-Sablon (1882).
Son oeuvre a fait l’objet de plusieurs expositions importantes, depuis la première rétrospective l’année suivant sa mort, à Anvers, jusqu’à Xavier Mellery. L’Ame des choses, consacrée à l’artiste par le Musée d’Ixelles en 2000. Un grand nombre de ses tableaux sont conservés au musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Elève de Jean Portaels à l’Academie des Beaux-Arts de Bruxelles, Xavier Mellery effectua un séjour de plus de deux ans en Italie après avoir reçu le prix de Rome en 1870. L’oeuvre aujourd’hui exposée à l’Academia Belgica est le fruit d’un travail de six mois à la Galleria dell’Accademia à Venise en 1872. Le livre de Christine Dupont consacré aux Modèles italiens et traditions nationales. Les artistes belges en italie (1830-1914), aide à situer le choix de Mellery dans la formation artistique de l’époque: “Le vainqueur du prix de Rome de peinture suivant (1870), Xavier Mellery, passera quant à lui sept à huit mois dans la cité des doges. Il se passionne lui aussi pour la peinture vénitienne, mais son intérêt se porte essentiellement sur l’art de Carpaccio. Mellery passera plus de six mois, à raison de sept à huit heures par jour, à reproduire l’un des panneaux de la monumentale “Légende de Sainte-Ursule” que l’on doit au pinceau de ce maître de la fin du Quattrocento.” (p.454) “Je travaille régulièrement à cette copie de 8h le matin à 4h de l’après-midi – écrit-il – et, après la fermeture du Musée, je vais peindre d’après nature où j’apprends beaucoup.” (Lettre de Mellery à Kempeneers, Venise, 18 juillet 1872, cité p. 259). Si ce choix est à mettre en parallèle avec l’attirance assez généralisée des Belges pour la peinture vénitienne – comme le dit Lambert Mathieu, la peinture de Venise est l’école italienne “qui a le plus d’analogies avec la nôtre – , il relève aussi d’une sorte de mode ou de redécouverte de ce peintre au XIXe siècle, dans le cadre de celle, plus large, des primitifs.” Jean Portaels disait déjà, en 1844: “[…] Les peintres qui ont précédé les maîtres que je viens de citer, ont pour moi beaucoup de charmes, j’entends parler de Jean Bellin, Carpaccio, Gentile Bellin et autres, qui à une grande naiveté d’expression joignaient une belle couleur et du style. Je crois que ces maîtres sont très bons à étudier.” (Lettre de Portaels à Wappers, Venise, 2 aout 1844, cité p. 458). p. 479. “Mellery quant à lui n’hésite pas à déclarer "Je me convaincs tous les jours que la nature en première ligne, les maitres primitifs en seconde et les génies en troisième doivent être toujours la base de l’éducation artistique".” (1er rapport de Mellery, Rome, 1873).
Notice rédigée par l'Academia Belgica d'après les sources suivantes : [La restauration de la toile et son financement par le groupe SUEZ] |